samedi 22 novembre 2008

Roman Opalka ou le temps capturé


Roman Opalka à Nice, c'est un évènement.

Depuis 43 ans, cet artiste franco-polonais majeur de la scène internationale nous propose une peinture qui semble simple mais qui est compliquée, appliquée, réfléchie, "comme la vie" comme aime le dire son auteur. Roman Opalka commence ainsi par peindre le chiffre "1" en 1965 sur une toile de 1,96m x 1,35m - dimensions de la porte d'entrée de son atelier - puis tous les autres chiffres jusqu'à l'infini. Il ne s'est jamais arrêté depuis... Une peinture imperturbable donc. Toujours le même support qu'Opalka recouvre d'une peinture acrylique zinc en lui ajoutant 1% de blanc en plus à chaque toile. Toujours le même apport, du fond noir de 1965 au fond grisé d'aujourd'hui, l'artiste ajoute ses chiffres à la peinture titane blanche.

Opalka a toujours voulu visualiser le temps. Pour ce faire, il a établi ce concept lui permettant de manifester la durée, celle de sa propre existence et ce jusqu'à sa mort. Il manifeste ainsi "qu'un temps c'est écoulé" selon ses propres mots.
Dans son oeuvre, la notion de sacrifice est consciente. Opalka se refuse à peindre autre chose. C'est son pari avec la mort, sa façon d'exalter la vie. Vie qu'il aime, se définissant comme un "Sisyphe libéré". Il refuse les accusations de répétition, de mythe de sisyphe renouvellé. La dimension de son existence se confond avec son oeuvre, sa création.
En enregistrant sur bande magnétique, chiffre après chiffre, sa voie exprimant le chiffre en polonais, se prenant en photo après chaque journée de travail devant le tableau accompli, toujours avec le même cadrage, toujours avec la même chemise, Opalka accentue son désir d'exprimer le temps.

Opalka à Nice au musée Chagall, c'est une oeuvre d'une importance contemporaine majeure dans un écrin merveilleux. Aucune excuse pour manquer cette expo.

Roman Opalka - musée Chagall -avenue Docteur Ménard - Nice - 04.93.53.87.31 -jusqu'au 9 février 2009

Anne Gérard et la vie moderne...


"Etes-vous bien adapté à la vie moderne?" C'est avec cette question qu'Anne Gérard nous interpelle pour sa nouvelle exposition à la galerie Norbert Pastor (Nice).

Le spectateur se retrouve rapidement convié à une introspection de sa propre vie, de son propre univers, de ses propres codes et symboles. Et la lecture est chargée d'ambivalences, de paradoxes qui ne peuvent nous laisser indifférent.

Anne Gérard est une artiste qui nous invite à de profonds questionnement à partir de scènes quotidiennes, d'objets usuels, de codes connus mais pour lesquels notre regard se modifiera à la visite de cette belle exposition...

galerie Norbert Pastor du 14 novembre au 3 janvier 2009 - 6, rue Valperga à Nice - 04.93.80.83.52 - http://www.galerie-norbertpastor.com/

vendredi 6 juin 2008

Cédric Teisseire, Frissons garantis


Nouvelle exposition à la galerie Norbert Pastor à Nice, Cédric Teisseire nous présente ses oeuvres jusqu'au 26 juillet.

Le premier regard est celui d'une vision de monochromes de différentes couleurs. Mais la symbolique des couleurs et la pensée de Klein sur ses monochromes n'y suffisent pas ("seule la couleur peut tenter de réussir l'exploit de trouver une autre dimension").

Cédric Teisseire adjoint un travail, déjà engagé dans des oeuvres antérieures, sur la pesanteur. Il redresse, incline ses tableaux couvert de laque avant que la peinture ne soit sèche et la surface s'en trouve modifiée, elle s'anime. Et avec elle notre imaginaire. Dans la série Gambit ("frissons" - cf photo), les plaques de Dibond ont été carrément retournées par l'artiste, la peinture s'écoulant alors sur d'autres supports. Ainsi, certaines oeuvres, émettrices, ont la chair de poule, d'autres, réceptives, recoivent la peinture comme la tunique reçoit l'huile de la barbe d'Aaron.

Il y a de la dualité dans Cédric Teisseire. Ses oeuvres nous laissent vivre les nôtres.

Allez vous promener dans la démarche de l'artiste, laissez vous porter par ses oeuvres, lisez les titres, évocateurs, de ses séries. Frissons garantis.

(((Save the date))) de Cédric Teisseire - galerie Norbert Pastor - 6 rue Valperga à Nice (04.93.80.83.52)- jusqu'au 26 juillet

samedi 31 mai 2008

Richard Long, l'alchimiste.


Richard Long investit les cimaises du Mamac avec une exposition qu'IL FAUT ALLER VOIR. Classé comme un artiste du Land Art, Richard Long s'en démarque par un travail plus solitaire et une transformation moins "industrielle" des matériaux. L'artiste, né en 1945 à Bristol, est un éternel jeune homme qui traverse le monde en marchant avec sa solitude en sac à dos. Et il nous rapporte de ces voyages une association de matériaux et de formes favorisant notre réflexion au temps, à la distance... Mais il y a chez Richard Long un véritable travail d'alchimiste. Dans les oeuvres qui nous sont données à voir au Mamac, il y a un travail de transformation de la "materia prima" (boue de l'Avon, argile, kaolin) admirablement sublimée par des formes (comme la spirale de Tiger Hands -cf photo), des empreintes... aussi symboliques qu'esthétiques et qui nous amènent au frontière du sacré. Richard Long nous montre, en ces temps de mondialisation économique quelque peu difficiles, une vision de notre planète plus humaine et généreuse.

Elle est belle et abordable cette terre... et Richard Long nous pousse à y croire encore.

Félicitations aussi au Mamac qui nous propose une scénographie juste, écrin d'oeuvres à admirer et partager jusqu'au 16 novembre.

Mamac - Nice - du 31 mai au 16 novembre - http://www.mamac-nice.org/ - 04.97.13.42.01

samedi 24 mai 2008

La lumière est à Vence















C'est à une petite, mais intéressante, exposition rétrospective que nous invite le Château de Villeneuve à Vence. Zia Mirabdolbaghi, commissaire de l'exposition, nous présente le travail de François Morellet, acteur majeur de l'abstraction géométrique, à travers des oeuvres de 1963 à 2008. Après son exposition au Musée d'Art Moderne de Paris de 2007, il nous est offert la vision d'une oeuvre majeure et résolumment contemporaine. L'architecture XVII du Château de Villeneuve permet un contraste impressionnant et une expression valorisante des oeuvres. Morellet à Vence, c'est un passage obligé de l'été - même si nous avons jusqu'au 2 novembre, allez saisir cette lumière au plus vite...

"45 années lumière" au Château de Villeneuve à Vence - du 26 avril au 2 novembre